Histoire racontée par Leonard Atonnion Bordeau.
Pendant mon enfance, nous ne parlions que la langue mohawk. Ainsi, lorsque j’ai commencé à fréquenter l’école Kateri à Kahnawake, je ne connaissais qu’une demi-douzaine de mots en anglais. J’ai donc connu des moments difficiles. Cependant, dès cette première année, je reconnais que je maîtrisais assez bien l’anglais.
Mon père me disait toujours qu’il était important de conserver notre langue. Je suis heureux d’avoir grandi avec cette langue et de ne l’avoir jamais vraiment perdue.
Comme je parle la langue, j’ai commencé à enseigner. J’ai donc passé plus d’un an à Karonhianónhnha avec les jeunes enfants. L’année suivante, on m’a envoyé à l’école de survie de Kahnawake, où j’ai passé six ans.
J’ai commencé par leur enseigner le tableau des sons. Dans notre langue, nous avons six voyelles et huit consonnes. Les élèves étudient le tableau des sons et nous utilisons la répétition. C’est comme ça qu’on leur apprend.
J’ai décidé très tôt que je devais apprendre à connaître mes élèves. Cela a été long, car j’avais des élèves de la première à la cinquième secondaire. J’avais 60, voire 70 élèves et ils utilisaient tous leur nom mohawk. Il m’a fallu un certain temps pour apprendre à tous les connaître, peut-être un mois, mais au bout d’un moment, je les connaissais tous par leur nom mohawk.
Je n’ai jamais su quel était le nom anglais de beaucoup d’entre eux, car nous n’utilisions que leur nom mohawk.
« Sharing Our Stories » (Le partage d’histoires) est une collection d’histoires racontées par des aînés Kanien’kehá:ka et des gardiens du savoir qui participent au mouvement visant à faire revivre la langue, la culture et l’histoire de la communauté de Kahnawake et des régions avoisinantes.