Histoire racontée par Lorraine Montour.
Rédaction : Simona Rosenfield, journaliste dans le cadre de l’Initiative de journalisme local.
Traduction : Sahawisó:ko’ Arquette
Nous avons eu du mal à poursuivre nos études parce que l’Église, les religieuses, contrôlait l’éducation ici. Il y avait des religieuses spéciales venues de Boston. Elles s’appelaient les sœurs de Sainte-Anne. Elles étaient expertes en prosélytisme, c’est-à-dire en matière d’assimilation et de conversion.
Et elles étaient très compétentes dans ce domaine.
Elles humiliaient toujours quelqu’un dans la classe; elles attiraient l’attention sur une personne et l’humiliaient d’une manière ou d’une autre.
Quand je rentrais à la maison, je racontais à ma grand-mère ce que telle ou telle religieuse avait fait. Ma grand-mère en parlait à certaines de ses amies, avec qui elle allait provoquer le désordre à l’école.
Si quelqu’un était gaucher, les religieuses le changeaient pour qu’il devienne droitier. Si une sœur attrapait quelqu’un à écrire de la main gauche, elle lui donnait un coup de règle sur la main, alors qu’il ne s’agissait que d’un enfant.
Un jour, ma grand-mère m’a demandé : « Pourquoi parles-tu comme ça? »
« Comme quoi? », lui ai-je répondu.
« Tu bégaies. Pourquoi est-ce que tu bégaies? »
« Oh, c’est cette stupide religieuse, ai-je expliqué. Elle me tape toujours les mains. Elle ne veut pas que je sois gauchère. »
Ma grand-mère est allée là-bas et s’est fâchée contre la religieuse : « Maintenant, elle bégaie parce que vous essayez de la faire passer de gauchère à droitière », avait-elle dit.
Ma grand-mère savait comment élever des enfants. Elle remarquait tout de suite quand ce genre de chose se produisait. Elle était intelligente, vraiment intelligente.