Des milliers d’employés de la fonction publique en grève, dont les enseignants, le personnel de soutien et les professionnels de l’éducation, ainsi que les employés de la fonction publique dans le domaine de la santé et des services sociaux, y compris les infirmières et les infirmières auxiliaires, sont sortis en force dans toute la région la semaine dernière pour déplorer l’impasse dans les négociations contractuelles.
Le Front commun, qui représente quatre grands syndicats, a publié un communiqué avant la fin prévue de la grève inusitée, à 10h30 le 6 novembre, annonçant que les travailleurs seraient à nouveau en grève pendant trois jours, du 21 au 23 novembre, si un accord n’était pas conclu d’ici là. La Fédération interprofessionnelle de la santé (FIQ) a emboîté le pas en annonçant que ses membres débrayeront les 23 et 24 novembre si rien ne bouge aux tables de négociation.
Les passants ont signalé leur soutien aux infirmières et aux professionnels de la santé qui manifestaient devant l’Hôpital Barrie Memorial à Ormstown avec des coups de klaxon enthousiastes. D’autres ont apporté des beignes, du café et même du propane pour que les manifestants puissent se réchauffer. Ce soutien est très apprécié, déclare Dominic Caisse, président intérimaire du Syndicat des professionnelles en soins de la Montérégie Ouest.
« Pour ce gouvernement-là, on est juste des bras et nos patient-e-s sont juste des numéros, explique M. Caisse, qui souligne que les établissements du CISSSMO manquent de personnel depuis longtemps. « Le manque de personnel n’est pas nouveau. Il date d’avant la pandémie ».
« Avec de meilleures conditions de travail, plus de gens reviendront dans le secteur public », dit le président de la SPSMO, laissant entendre que de nombreuses professionnelles en soins sont parties travailler au privé. « Mais pour être honnête, il n’y a pas eu d’avancée au niveau des tables. Rien n’a été abordé. Nous en sommes au statu quo et ce que le gouvernement propose est un recul par rapport à la situation actuelle ».
La FIQ se préoccupe des salaires, mais aussi de l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée et de la surcharge de travail. Elle demande notamment au gouvernement de légiférer sur des ratios infirmières/patients sécuritaires, tout en recherchant une plus grande stabilité dans les affectations de travail. Les représentants syndicaux affirment que le gouvernement veut pouvoir modifier les équipes d’infirmières en cas de besoin et transférer du personnel entre les établissements.
« À l’heure actuelle, vous savez quand vous devez arriver, mais vous ne savez jamais quand vous pourrez partir, explique M. Caisse, qui déplore les exigences du gouvernement en matière de mobilité. Au lieu d’essayer de créer des conditions de travail attrayantes, ils préfèrent faire ça », dit-il, ajoutant que les conditions de travail des infirmières ont un impact direct sur les soins aux patients.
La FIQ et le Front commun ont tous deux rejeté avec force la dernière offre de contrat présentée par la présidente du Conseil du Trésor du Québec, Sonia LeBel, qui prévoyait une augmentation salariale minimale de 10,3 % sur cinq ans. Nick Ross, président de la Châteauguay Valley Teachers Association, affirme que pour suivre les prévisions d’inflation actuelles, le gouvernement devrait offrir au moins 17,7 %. Il affirme que l’offre du gouvernement ne tient pas compte du pouvoir d’achat inflationniste que les travailleurs ont déjà perdu depuis 2022. « Le gouvernement fait semblant que cela ne s’est pas produit », déclare-t-il à propos de la hausse des taux d’intérêt.
Dans un message adressé au gouvernement, les porte-parole du Front commun ont promis que leurs équipes de négociation seraient entièrement disponibles au cours de la période précédant la grève de 72 heures. Mme LeBel a répliqué en insistant sur le fait que les négociations ne sont pas unidirectionnelles. Dans un message publié sur les réseaux sociaux, elle a invité les syndicats à présenter une contre-offre constructive s’ils ne sont pas satisfaits de l’offre actuelle du gouvernement.
Fermeture des écoles
Le directeur général de la Commission scolaire New-Frontiers (CSNF), Michael Helm, confirme que le conseil a reçu des avis de grève de 72 heures de la part des différents syndicats représentant son personnel. « Pour nous, cela signifie que nos écoles, nos bureaux et nos centres seront fermés », déclare-t-il, laissant entendre qu’il n’y a pas d’autre option.
Bien que la CSNF soutienne totalement son personnel et comprenne sa situation, M. Helm espère que cette nouvelle série de grèves débouchera sur des avancées aux tables de négociation. « Ce que nous aimerions, c’est que nos élèves ne perdent pas de jours de cours », déclare-t-il, précisant qu’il appartiendra à la commission scolaire de s’assurer que les élèves reçoivent le nécessaire pour leur formation. La CSNF analyse actuellement des stratégies pour s’assurer que « tous les éléments essentiels de l’apprentissage sont saisis par les élèves au cas où nous envisagerions une année scolaire écourtée ».
Les enseignants du système français, représentés par la Fédération autonome de l’enseignement (FAE), qui regroupe 65 000 enseignants du primaire et du secondaire, ont déjà annoncé qu’ils entameraient une grève illimitée le 23 novembre si aucun accord n’était trouvé.
Bien que cela n’ait pas d’impact direct sur la CSNF, le Front commun a également le mandat de traduire sa manifestation en grève générale illimitée.