Les temps d’attente extrêmes et les pénuries de personnel dans les hôpitaux de la région font la une des journaux ces derniers temps, la situation préoccupante dans les salles d’urgence locales ayant été mise en lumière de façon saisissante, le 22 octobre, lorsqu’un homme âgé de 70 ans est décédé dans les minutes qui ont suivi son arrivée à l’Hôpital Barrie Memorial, après avoir attendu 16 heures pour voir un médecin dans un autre hôpital la veille. Le Dr Sébastien Marin, médecin urgentiste à l’Hôpital Barrie Memorial, a raconté le tragique incident dans une série de messages sur Twitter : « J’ai terminé ma nuit auprès d’un patient qui est décédé devant moi d’une rupture de l’aorte thoracique », a-t-il écrit, expliquant qu’il n’aurait rien pu faire pour sauver l’homme. Dans une entrevue accordée à Radio-Canada le lendemain, M. Marin a déclaré que le cas était « passé entre les mailles du système », avant de souligner que l’issue aurait pu être différente si l’homme avait été traité plus tôt. « Je vois des patients mourir tous les jours ; c’est la vie, mais il n’aurait pas dû mourir », a-t-il ajouté.
Quelques jours plus tôt, un médecin travaillant à l’Hôpital Anna-Laberge s’est également exprimé sur les médias sociaux pour dénoncer la situation « intenable et dangereuse » qui règne à l’urgence de l’hôpital de Châteauguay. De son côté, le personnel de l’Hôpital du Suroît, situé à Salaberry-de-Valleyfield, a récemment été contraint de refuser des cas moins urgents et de détourner des ambulances vers un autre hôpital, fermant ainsi temporairement l’urgence en raison d’un manque de personnel. La semaine dernière, seulement 5 des 17 postes d’infirmières nécessaires pour assurer le quart de soir avaient été pourvus.
Le 24 octobre, un article paru dans La Presse contenait une citation de Mélanie Gignac, présidente du Syndicat des professionnelles en soins de la Montérégie-Ouest (FIQ-SPSMO), qui accusait le CISSSMO d’esclavage organisationnel. Une photographie accompagnant l’article montrait les mains d’une douzaine d’infirmières portant des bracelets hospitaliers avec le nombre de quarts de travail supplémentaires obligatoires (TSO ) qu’elles avaient effectués au cours de la dernière semaine à l’urgence de l’Hôpital du Suroît ; au moins la moitié d’entre elles en étaient à leur troisième quart de travail, tandis qu’une en était à son quatrième et une autre à son cinquième quart.
« La situation dans nos salles d’urgence est difficile, reconnaît Catherine Brousseau, agente d’information au Centre intégré de santé et de services sociaux de la Montérégie-Ouest (CISSSMO). Nous connaissons un achalandage élevé et un manque de personnel », explique-t-elle, tout en rappelant que le personnel, les médecins et les gestionnaires travaillent tous très fort pour continuer à offrir des soins de qualité.
« C’est pourquoi nos équipes et la direction étudient actuellement différents moyens d’être plus attractif », dit-elle, notant que plusieurs nouvelles mesures seront mises en place au cours des prochains mois et qu’elles devraient contribuer au recrutement et à la rétention. Ces mesures comprennent le déploiement de l’autogestion des horaires pour le personnel et la libération des gestionnaires de certaines tâches administratives afin qu’ils puissent travailler plus étroitement avec leurs équipes sur le terrain. Mme Brousseau précise que ces initiatives s’ajoutent à celles qui ont déjà été mises en place, notamment l’introduction d’horaires atypiques, ou flexibles, pour le personnel.
Selon Mme Brousseau, à l’heure actuelle, il est particulièrement important que les gens évitent de se rendre dans les salles d’urgence de la région, sauf s’ils ont besoin de soins immédiats.
Au moment de mettre sous presse, le taux d’occupation des trois salles d’urgence de la région était égal ou supérieur à 100 % ; l’Hôpital du Suroît affichait un taux de 172 %, 55 personnes attendant sur des civières, alors que la capacité de l’hôpital est de 32. La salle d’urgence d’Anna-Laberge était à 156 %, avec 50 patients sur des civières, pour une capacité de 32, et l’Hôpital Barrie Memorial était à un taux d’occupation de 100 %, avec 5 patients sur des civières.