L’année 2023 commence en succès pour Lauren Jiles, artiste burlesque ayant grandi sur le territoire Mohawk à Kahnawake. Elle se hisse cette année à la deuxième place dans le palmarès des 50 artistes burlesques les plus influents au monde. Dans cet article, elle nous amène avec elle, sur le chemin de sa réussite.
Une enfance mouvementée
« Depuis que je suis toute petite, je me suis habituée au déménagement puisque mes parents étaient tous deux militaires, raconte Mme Jiles. Je suis née au Kansas, puis mes parents ont déménagé en Allemagne pour environ deux ou trois ans. Ensuite, après la crise d’Oka, en 1961, ma mère et moi avons déménagé à Kahnawake ».
Mme Jiles était une enfant particulièrement énergique. « Je sautais littéralement de mur en mur », dit-elle en riant. À l’âge de 7 ans, sa mère l’inscrit dans un camp d’art dramatique pour enfant, afin de lui permettre de dépenser son énergie. Ensuite, vers l’âge de 10 ans, elle se lança dans le monde de la comédie musicale jusqu’à ses 18 ans.
Continuer ou abandonner
Quelque temps après son entrée au collège Dawson, Lauren se rendit compte que son horaire chargé ne lui donnait pas la chance de pouvoir continuer les arts dramatiques comme elle le voulait. Emportée dans une routine de cours, de travaux et d’études constantes, elle se sentit sombrer dans une vague de dépression. Puis, le destin vint frappé à sa porte. « Une amie m’a envoyé une annonce sur le burlesque, explique-t-elle. Je ne savais pas vraiment ce que c’était, mais j’ai quand même voulu essayer ». Elle se rendit rapidement compte que cet art était tout ce qu’elle adorait : costume, musique et danse. « C’était parfait pour moi, car je pouvais décider moi-même du moment de mes répétitions. J’ai fait ma première audition à 18 ans avec la compagnie Blue Light burlesque et j’y suis resté pendant deux ans, avant de démarré ma carrière solo », dit-elle.
La naissance de Loulou La Duchesse de Rière
À la question : d’où te vient ton nom d’artiste ? Mme Jiles répond : « C’est une histoire assez particulière en fait. Mon nom me vient de la légendaire artiste burlesque américaine, Satan Angel qui nous a malheureusement quittés en 2019. Un jour, alors que je faisais l’ouverture de l’un de ses spectacles, elle décida de changer mon nom d’artiste qui était simplement Miss LouLou à l’époque. Je lui ai expliqué que je venais de la communauté Mohawk de Québec et après quelque minutes à me regarder et à me faire tourner sur moi-même, elle s’exclama LOULOU LA DUCHESSE DE RIÈRE, en faisant référence à mon derrière bien sûr. Jeu de mots parfaits pour une artiste venant d’un endroit franco-anglo. Je porte maintenant ce nom d’artiste depuis 12 ans ».
Après près de deux décennies dans ce métier, Loulou explique que chacun de ses spectacles est pour elle une manière de se mettre au défi. Tous les actes diffèrent les un des autres et chaque mouvement à sa signification particulière. « Ce qu’il y a de beau dans l’art burlesque, c’est la liberté d’expression, explique-t-elle. Il ne faut pas nécessairement être jeune ou avoir une base, en fait la plupart des artistes burlesques débutent dans leur trentaine. C’est ce qui rend cet art encore plus intéressant et rafraîchissant. Peu importe le genre, la couleur, le poids, tous et toutes sont et seront toujours les bienvenus dans l’univers burlesque ».