The Gleaner
Dernières nouvelles

Risques important liés aux remblais dans le Haut-Saint-Laurent : McGill

Note de la rédaction : Le journaliste qui a rédigé cet article a contribué au projet Leadership for the Ecozoic en tant que consultant local.

En 2021, l’Université McGill a lancé un cours de troisième cycle axé sur l’étude de l’aquifère de la rivière Châteauguay, celui qui fournit toute l’eau douce alimentant les puits et les fermes d’une grande partie de notre MRC. Le cours au niveau du doctorat fait partie d’un projet complexe d’études supérieures appelé Leadership for the Ecozoic (L4E) qui est offert conjointement aux étudiants de McGill et de l’Université du Vermont. Le directeur original est le docteur Peter Brown, qui vit ici à Franklin et qui a récemment pris sa retraite. Le docteur Colin Scott, le directeur actuel, déclare que le L4E a été créé pour « former des professionnels dans les domaines de l’économie, du droit, de la gouvernance et de l’éthique, afin qu’ils ne poursuivent pas les mentalités et les pratiques qui nous conduisent vers un effondrement environnemental ». M. Scott poursuit : « Nous voulons apprendre aux étudiants à penser de manière transdisciplinaire. Par exemple, la façon dont les économistes imaginent un monde où la croissance est infinie ne correspond pas aux lois de la nature et aux réalités des écosystèmes ». Tout le monde, dit-il, « a des intérêts collectifs partagés dans les lieux où nous vivons, nous devons donc adapter nos institutions, afin qu’elles veillent à ces intérêts partagés ».

 

Le site de remblai du Rang Dumas et sa proximité avec les puits 6 et 8 dOrmstown SOURCE Leadership for the Ecozoic Université McGill données de la MRC du Haut Saint Laurent et du Département danthropologie

 

Lemplacement des décharges dans la municipalité de Franklin et en bordure de la municipalité dOrmstown Les cantons environnants sont marqués en blanc SOURCES publiques et de Leadership for the Ecozoic Département danthropologie de lUniversité McGill

 

Puisque que le projet reconnaît l’expertise des communautés locales et des groupes indigènes, il s’est efforcé d’inclure les personnes locales, leurs compétences et leurs connaissances, en fournissant des conférences, des outils et d’autres formes de matériel de recherche aux étudiants. M. Scott déclare : « Nous pensons que le savoir n’est pas le domaine privilégié du monde universitaire ; les connaissances locales sont nécessaires pour résoudre les problèmes qui nous entourent ». Lorsqu’on lui demande pourquoi le bassin versant de la Châteauguay a été officiellement choisie comme zone prioritaire du projet en 2022, la réponse est que cette région est accessible aux étudiants de McGill pour des excursions, qu’elle est bien connue des professeurs, et que « nous estimons que nos deux universités ont une responsabilité envers les endroits où nous sommes situés. Nos étudiants et nos professeurs vont et viennent, mais nous partageons ces environnements à nos portes qui nous nourrissent et nous fournissent toute notre eau ». C’est pourquoi la branche du Vermont étudie les menaces qui pèsent sur l’aquifère Champlain/Richelieu.

Avec ces principes en tête, les connaissances locales ont été recrutées comme elles le sont toujours au niveau rural : par le bouche à oreille. M. Scott connaissait déjà le regretté géologue Blad Hansen, qui a entamé des recherches géologiques sur l’aquifère pour le projet en 2020. M. Hansen a présenté M. Scott  à Jess Elwell des Jardins de la Résistance à Ormstown, et son partenaire Jovan Mercier, car il était important que les étudiants en sachent plus sur les entreprises et les pratiques agricoles durables dans la région. Mme Elwell a parlé de son voisin, Dan Garand, un cartographe à la retraite, un talent jugé merveilleux à acquérir pour le projet.

 

Cette carte met en évidence lemplacement du dépotoir de Rang Dumas par rapport à une importante zone de recharge de laquifère de la région SOURCE Leadership for the Ecozoic Département danthropologie de lUniversité McGill Données Ministère de lEnvironnement de la Lutte contre les changements climatiques de la Faune et des Parcs

 

Selon M. Scott, « l’un des principaux outils que le L4E veut fournir est la capacité de penser localement – de faire en sorte que les étudiants apportent leurs modèles et leurs connaissances théoriques, mais les engagent sur des questions réelles. Ces questions doivent être ressenties comme importantes par les populations locales. Ainsi, si nos partenaires nous disent que le déversement de remblais sur ou près de l’aquifère est un problème local, nous le prendrons au sérieux et nous verrons quelles compétences de recherche [et] quels modèles d’explication et d’action pourraient être utiles ».

C’est ainsi que les cartes qui illustrent cet article ont été réalisées ; par le cartographe local travaillant avec d’autres sources locales, avec les étudiants et les professeurs. Elles sont basées sur des documents publics facilement accessibles, dont une grande partie provient du gouvernement du Québec ou d’images satellites, ramenées au niveau local pour nous donner le portrait de notre aquifère. Une série de photos avant et après le déversement sur le Rang Dumas est particulièrement révélatrice. Un milieu humide qui permet à l’eau de pluie de percoler à travers la roche poreuse pour nourrir l’aquifère a été bloquée par des remblais provenant, très probablement, de chantiers de construction.

La ferme de Jess Ewell se trouve en face d’un autre site de décharge, sur le Rang des Botreaux à Ormstown. Elle est très préoccupée par les décharges sur la recharge de l’aquifère. « C’est une question de durabilité à long terme. Les conséquences sont désastreuses pour nous, et pour tous les autres agriculteurs, quels qu’ils soient – si l’aquifère disparaît, nous disparaissons tous ». Elle assimile cela à des individus mettant plusieurs pailles dans une baignoire d’eau avec du poison versé à une extrémité. « Votre puits n’est pas séparé des autres puits. Je ne peux pas croire, avec le cas du panache toxique de Mercier si proche, que les gens ne soient pas plus effrayés ».

 

Ariel heat map.
Carte thermique montrant la concentration de puits résidentiels à proximité des sites denfouissement SOURCE Leadership for the Ecozoic Département danthropologie de lUniversité McGill

 

Puits résidentiels à proximité des sites de remblais du Rang Dumas et de la route 201 SOURCE Leadership for the Ecozoic Département danthropologie de lUniversité McGill

 

On a demandé à M. Garand, qui vit à Franklin et qui a relevé le défi géologique et historique que représentait la cartographie de McGill, ce qu’il a ressenti lorsqu’il a vu pour la première fois les images prises avant et après le remblai dans la région. « J’ai eu l’impression d’être dans un bar, et que quelqu’un avait mis du poison dans mon verre. Je veux dire, pas de consultation ! Si vous regardez tous les puits qui entourent la décharge, ces gens ne sont pas au courant. Si le sol et l’eau ne sont pas testés, c’est vraiment dangereux ». M. Garand dit avoir grandi dans une communauté rurale et tenir pour acquis « que les voisins veillent les uns sur les autres et s’entraident. Il ajoute : Même si je suis sûr que certains propriétaires fonciers ont de bonnes intentions, ils ne comprennent pas les graves ramifications et les dommages à long terme qui peuvent résulter de l’infiltration de matières toxiques dans notre précieux aquifère. Il est important de réaliser que la santé et la sécurité de notre communauté sont en jeu. Ce qui s’est passé à Mercier est une référence parfaite ».

M. Scott souligne que les cartes réalisées jusqu’à présent « sont un travail exploratoire qui, selon nous, débouchera sur un processus de recherche continu mené par la communauté ». Des nouveaux étudiants viendront pendant plusieurs années pour étudier cet aquifère et sa zone de recharge. « Chaque année, les étudiants du séminaire s’appuieront sur le travail de ceux qui sont venus l’année d’avant. La MRC et la communauté de la région auront absolument accès à ces travaux. Nos valeurs exigent que nous effectuions des recherches solides qui soient accessibles à la communauté. En fait, dit-il, il y a de nombreux domaines dans lesquels la population locale peut contribuer. Nous avons besoin de plus d’échantillonnage, par exemple, ce qui serait un excellent projet pour les écoles locales, qui pourraient demander à leurs élèves de tester les rivières ou d’autres écoulements ».

Chronologie des activités de remblais à Franklin

Le Gleaner suit de près les activités de remblais dans la municipalité de Franklin depuis plusieurs années. En 2020, la municipalité a adopté un règlement pour cesser les décharges et les remblais illégaux, en particulier dans une décharge située sur la route 201 où d’énormes piles de déchets de construction, de rénovation et de démolition avaient été déposées sans autorisation. Le ministère de l’Environnement a émis une ordonnance contre 4507380 Canada Inc, également connue sous le nom de Les Entreprises V.A.G. Distribution en 2021, ordonnant l’arrêt immédiat du remblai de déchets de construction et de sols contaminés ainsi que la remise en état du terrain.

Des rapports faisant état de petites quantités de remblais ont été observés à Très-Saint-Sacrement, à Havelock et à Saint-Chrysostome ; toutefois, l’activité semble se concentrer à Franklin.

Au cours de l’été 2022, des rapports ont fait état d’occurrences de remblais sans permis à des adresses situées sur le Rang Dumas et le chemin Grimshaw. Le site du Rang Dumas se trouve à proximité de deux puits municipaux desservant Ormstown. Les opérations de remblayage ont été autorisées à reprendre à la suite de résultats de tests montrant que le matériel était principalement du remblai propre. Entre-temps, la MRC du Haut-Saint-Laurent a introduit un règlement interdisant ce type d’activité dans les zones de protection des captages d’eau.

En août 2022, la municipalité d’Ormstown a mandaté le bureau d’avocats DHC pour représenter la municipalité concernant les activités d’enfouissement et de déversement près des puits 6 et 8. Depuis, les deux municipalités se sont engagées dans une bataille judiciaire. Le Gleaner continuera à suivre l’évolution de la situation. Des articles antérieurs traitant de ce sujet sont disponibles sur notre site web.

Arial view of a forested area and dumpsite.
Images prises avant et après le remblai sur le Rang Dumas Imagerie satellitaire SOURCE Maxar Technologies USDAFPACGEO Map Data et source publique

Close up arial view of a dumpsite, road and house.

Latest stories

Rapport de police 31 mai 2023

The Gleaner

Accident de voiture fatal à Sainte Clotilde

The Gleaner

Un homme de Très-Saint-Sacrement accusé de meurtre

The Gleaner

Laissez un commentaire

* En utilisant ce formulaire, vous acceptez le stockage et la gestion de vos données par ce site.

RSS
Follow by Email
Facebook
Twitter
YouTube
LinkedIn
Instagram
WhatsApp