La semaine dernière, une première coulée de sève a vu la vapeur s’écouler de plusieurs cabanes à travers la vallée. Ceux qui ont pu en profiter ont exercé une « ébullition de pratique » avant le véritable début de la prochaine saison de l’érable.
« Je pense que ce n’est qu’un aperçu », commente Chantal Ouimet de la Cabane à Sucre de L’Hermine à Havelock. « La sève a commencé à couler, mais la teneur en sucre n’est pas très sucrée », ajoute-t-elle, notant qu’on prévoit des températures plus froides cette semaine. « Je crois qu’après cela, ce sera le bon moment pour commencer la saison », dit-elle, tout en reconnaissant qu’avec le changement climatique, les producteurs de la région pourraient devoir s’habituer à exploiter plus tôt dans la saison.
Mme Ouimet nous informe que malgré la faible teneur en sucre dans la première coulée, ils ne craignent pas que l’hiver plus doux ait un impact sur la qualité de la sève. « Tant qu’il y aura des gelées la nuit et un dégel pendant la journée, la coulée viendra », dit-elle. « Dans le secteur agricole, il faut rester positif pour être en mesure de faire face à n’importe quel résultat ».
Mme Ouimet et sa famille sont dans le domaine depuis 1963. Ses conseils pourraient s’avérer précieux pour les 66 acériculteurs en démarrage de la Montérégie-Ouest qui ont reçu un quota en 2021 des Producteurs et productrices acéricoles du Québec. Selon un article paru dans La Terre de Chez Nous, sur les 3,2 millions d’entailles délivrées à de nouveaux producteurs, seulement 29 % ont été installés. L’association dit qu’elle croit que la majorité sera en mesure de respecter la date limite du 1er avril 2024 pour convertir le nouveau quota, car les entailles seront redistribuées s’ils ne sont pas en production.
Kaylie Stuckey et James Manning, producteurs de Saint-Chrysostome, ont été parmi les rares chanceux à avoir pu démarrer de nouvelles opérations la saison dernière. Mme Stuckey dit qu’elle demandait un nouveau quota depuis des années et qu’ils avaient déjà prévu de lancer leur opération au moment où les nouvelles allocations ont été annoncées. « Nous ne faisons que commencer, il y a donc une grande courbe d’apprentissage », admet Mme Stuckey, qui a déjà travaillé dans l’érablière familiale. « Nous ne sommes pas vraiment préparés, alors nous avons raté cette coulée et nous ne voulions pas stresser », dit-elle en haussant les épaules, notant que jusqu’à très récemment, il y avait eu de la neige collante dans la forêt, et qu’avec deux jeunes enfants à la maison, il était préférable de s’abstenir pour le moment. Quant à savoir si le début de leur deuxième saison l’inquiète, Mme Stuckey admet qu’elle est toujours préoccupée, mais « c’est le cas d’une entreprise saisonnière ».
Les producteurs Laurie-Ann Prevost et Roger Jr. Duheme à Rockburn étaient tout aussi nerveux que la sève ait commencé à couler la semaine dernière. Le début de la saison signifiait la mise à feu du nouvel évaporateur à l’huile, qui attendait patiemment dans leur cabane nouvellement construite depuis octobre. Après quelques retards, ils ont pu commencer à bouillir vendredi après-midi. Avec l’évaporateur encore scintillant, ils sont maintenant équipés d’un réservoir de 5500 gallons dans leur cabane qui empêchera la sève de se dégrader en raison de la chaleur du soleil.
Le couple a déjà 2100 entailles en production, louées au cours des années précédentes; cependant, le quota supplémentaire qu’ils ont reçu dans le cadre de l’allocation des PPAQ n’entrera en production que l’année prochaine. « Nous aurons 4000entailles éventuellement », dit M. Duheme, tout en surveillant de près les progrès de l’ébullition.
« Nous voulions quelque chose de différent, et nous voulions diversifier la ferme », dit-il lorsqu’on lui demande pourquoi ils ont décidé d’investir dans leur production de sucre. Bien qu’ils possèdent déjà Les Vergers Rockburn, Mme Prevost affirme que le sirop d’érable est un marché en croissance alors que les ventes de pommes ont diminué au cours des dernières années. Elle dit que la production de sirop est également attrayante, car bien qu’elle dépende encore des conditions météorologiques, une érablière n’est pas aussi susceptible d’être endommagée qu’un verger. « Nous n’avons pas non plus à compter autant sur la main-d’œuvre », admet Mme Prevost. La sève est pompée d’une station dans leur forêt directement à la cabane, donc « nous n’avons pas à collecter quoi que ce soit ».
« Cela a été une bonne façon de tout tester », dit Mme Prevost, à propos de la première coulée, notant qu’ils peuvent maintenant prendre le temps de corriger les problèmes dans le système avant le véritable début de la saison. Elle avoue avoir les nerfs serrés en vue de leur première saison, mais elle admet qu’elle attend avec impatience un repas de crêpes avec leur propre sirop.