Histoire racontée par Joe McGregor
Édition : Simona Rosenfield
Traduction : Sahawisó:ko Arquette
J’ai toujours voulu être grand et mesurer huit pieds. Je voulais être un homme fort. La vie ne fonctionne pas comme ça. Quand j’étais enfant, j’étais petit. J’ai toujours été petit. Dans les écoles où j’allais, j’étais battu.
Enfin, un miracle est survenu. C’était un dimanche. Je ne voulais pas aller à l’école le lendemain.
« Pourquoi ? » m’a demandé ma grand-mère.
« Chaque jour, ils m’attendent. Ils applaudissent quand ils me battent. Parce que je suis un fermier et que je suis noir », ai-je dit.
« Attends », a-t-elle dit. Elle est allée dans l’autre pièce. Elle en est revenue avec un ballon de football.
« Tiens, c’était celui de ton oncle, m’a-t-elle dit. Il était boxeur. Prends ce ballon et entraîne-toi ».
On ne penserait jamais que notre grand-mère nous dirait de nous battre, mais elle ne voulait pas que je me batte. J’étais censé me défendre.
« Le Créateur t’a tout donné; il t’a donné des bras, des doigts, des orteils, des jambes, tout pour te défendre. Et si tu ne te défends pas, tu commettras un péché, parce qu’il t’a tout donné et que c’est toi qui as pris les coups », a-t-elle déclaré.
« Si tu laisses quelqu’un te frapper, tu es tout aussi coupable que si tu avais donné le coup », a-t-elle ajouté.
J’ai commencé à m’entraîner avec un sac de frappe. Cela ne m’a pas pris longtemps.
Lors d’une récréation, nous sommes sortis. Cette fois, j’avais une surprise pour eux. À l’époque, à Kahnawake, on laissait les chevaux en liberté et il y avait du crottin partout. Alors j’ai vu ça, j’en ai ramassé et je l’ai mis sur la tête du gars. Tous ses amis riaient de la même façon qu’il se moquait de moi.
La taille n’est pas tout. Il faut avoir du cœur, des tripes, et utiliser ce que le Créateur nous a donné.
